Co-créer la vie : un équilibre subtil entre contrôle et lâcher prise.

par Romain Rastoin, 1 Septembre 2021

Vous êtes-vous déjà dit ou fait dire dans une situation : Lâche prise ! Relax ! Chill ! ou bien à l’inverse : Prends-toi en main ! Redresse-toi ! Reprends-toi !

J’ai souvent eu l’impression que dans la vie il fallait choisir mon camp. J’ai généralement pensé que contrôler c’était assez bien, mais qu’aussi ça pouvait être synonyme d’être trop rigide, et que lâcher prise c’était être plutôt paresseux, mou et qu’il valait mieux l’éviter. Dans un cas comme dans l’autre, la culpabilité lorsque je cherchais à contrôler ou lorsque parfois je lâchais prise était souvent assez forte en moi.

Mais que faire alors: contrôler ou lâcher prise dans la vie ?

Contrôler ou lâcher prise, une question de nuance :

Avec le temps, ma perspective du monde et de la vie s’est enrichie de multiples éléments. Ainsi, j’ai pris conscience que :

  • Nous vivons dans un univers d’interrelation. Du proton aux galaxies, tout est relié et est influencé en permanence par d’autres éléments. Les planètes tournent autour du soleil, son système, lui, tourne autour de la galaxie, qui elle tourne dans l’univers dans divers jeux d’attraction.
  • À notre échelle, notre corps, nos pensées, nos sensations sont constamment influencées par les milliards d’informations que nous captons en grande majorité inconsciemment.
  • Les près de 100 milliards de bactéries qui vivent dans notre intestin, influenceraient, selon plusieurs études, concrètement nos pensées, nos envies et nos actions.
  • L’expression de nos gènes est influencée par ceux de nos ancêtres et bien d’autres facteurs environnementaux et expérientiels si on se fie aux études en épigénétique.
  • Tous les jours, notre environnement nous manipule. Je pense aux saisons, au soleil, à la lune, à la température, au taux d’humidité et à leurs impacts sur notre humeur et notre énergie.
  • En plus de tout ça, nous sommes des êtres sociaux qui sommes en permanence en train de réagir et de nous adapter à notre entourage, notre famille, aux gens et aux situations qu’on rencontre pour nous sentir accepté.es, reconnu.es, en contrôle, en sécurité, aimé.es.
  • À notre tour, nous influençons notre environnement, les gens qu’on aime et les personnes qu’on rencontre, par notre humeur, nos émotions, nos pensées, nos actions, nos choix.
  • Nous sous-estimons souvent notre impact sur ceux qui nous entourent et sur notre vie. Un simple sourire échangé a le pouvoir de transformer complètement la journée de quelqu’un et celle des gens qui l’entourent. Cinq minutes d’une action quotidienne répétée sur plusieurs semaines et mois affecte de façon exponentielle notre vie.

Tous ces éléments m’ont permis de prendre du recul et de comprendre que le contrôle à tout prix est autant illusoire que le lâcher prise complet. Le maître bouddhiste Thích Nhất Hạnh parle de l’humain comme étant un Inter-moi, comme chaque chose dans cet univers. Toute chose est reliée à une autre et l’évolution de l’une influence celle de l’autre. Ainsi, nous serions à la fois influencé.es et influenceur.ses de la vie, acteur.rices de cette vie et acté.es par elle, des co-créateurs, des co-créatrices.

À partir de cette compréhension enrichie je crois que la réponse à la question « que faire, lâcher prise ou contrôler dans la vie ? » se trouve dans la voix du milieu, dans la nuance. Je crois qu’une vie épanouissante et qui peut être pleine de joie est une vie dans laquelle nous trouvons cet équilibre entre le lâcher prise dans la compréhension que nous sommes largement un produit d’influences hors de notre contrôle immédiat et l’intentionnalité de notre pouvoir créateur que nous dirigeons également et dont l’impact nous dépasse largement.

Maître et responsable :

J’aime l’image du pagayeur qui descend le courant de la rivière en kayak, plongeant sa pagaie pour contourner un obstacle, accélérer, ralentir ou relâcher dans les moments plus calmes et se diriger. Ce pagayeur est à la fois navigateur de la rivière et navigué par elle.

Ainsi j’ai le sentiment que la maîtrise, plutôt que le contrôle, serait un équilibre entre le lâcher prise, l’accueil et la direction, la clarté de l’intention et de l’action. Nous ne serions donc ni des morceaux de bois, acceptant d’être des morceaux de bois portés par le courant, ni des rochers inflexibles, qui finissent par être emportés et engloutis par la première inondation ou ronger lentement par l’eau.

Je pense que le choix qui s’offre à nous est de devenir responsable dans cet équilibre. Non pas responsable des causes de ce qui nous arrive dans la sensation de culpabilité qu’on nous a transmise, mais, comme le dit bien le sage Sadghuru, capable de répondre à la vie telle qu’elle est (responsability : the ability to respond to life). En devenant responsable nous nous redonnons le choix de comment nous aimerions accueillir la vie et de la direction que nous désirons prendre, enthousiaste de jouer et danser dans cet équilibre de structure et d’improvisation qu’est cette vie.

About Romain Rastoin

Romain guide les gens à connecter à leur innocence et au pouvoir immense de leur imagination pour une vie vibrante d’enthousiasme, d’émerveillement et de paix d’esprit. Il aime imaginer un monde où nous jouons, comme des enfants, à générer en nous l’aisance, la fluidité, le courage, la confiance, l’audace qui semble parfois nous manquer pour entreprendre les jeux de notre vie qui sont vraiment importants pour nous.

4 réflexions sur “Co-créer la vie : un équilibre subtil entre contrôle et lâcher prise.”

  1. Merci pour ce texte! Je vogue en effet entre lâcher prise et contrôle. Je pense faire les deux à la fois mais c’est un processus long et pas souvent facile. Merci de nous y aider!

  2. C’est vraiment comme cela que j’ai appris, en temps que psychothérapeute biodynamique et Fonctionnelle en France, que tous nos fonctionnnements, qu’ils soient physiologiques, émotionnels, posturaux ou cognitifs ont 2 polarités comme les polarités aigüe et graves de notre cher piano. Vivre en harmonie et en accord avec notre « Noyau sain » est tout l’art de jouer entre ces deux polarités. Avoir la capacité de MODULER ou passer plusieurs fois et de manière continue, avec douceur et souplesse, d’une polarité à l’autre. D’avoir la MOBILITE suffisante et être mobile entre les deux polarités à savoir, avoir la capacité d’abandonner une polarité pour l’autre, un mode de fonctionnement pour un autre. Et seulement à cette condition pouvoir bénéficier de l’AMPLITUDE de chacune d’elles, à savoir utiliser les polarités dans leur performances maximum. Alors merci Romain de nous rappeler qu’il n’est ni bien ni mal de Contrôler ou de Lâcher. Et qu’il suffit de pouvoir recruter les fonctionnements adaptés aux situations qui nous sont données de vivre.

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